Le harcèlement entre élèves
1. Définitions
Le harcèlement (bullying en anglais) se caractérise par des actions négatives dirigées volontairement et de façon répétée vers une personne perçue comme moins à même de se défendre. Ces actions négatives peuvent s’exercer de manière verbale (moquerie, insulte, intimidation), physique (coup, racket, attouchement), relationnelle (rejet, rumeur, exclusion) et contre les biens (vol, dégradation). La répétition des actes est un élément essentiel de la définition de ce phénomène qui le distingue d’une bagarre isolée[1].
D'autre notions s'y apparentent :
Le bullying définit un ensemble de petites attaques répétées et d’assauts incessants qui ont pour but de produire de l’agacement chez celui qui le subit tout en réduisant la tension de celui qui émet le comportement.
Le mobbing fait référence à la tendance, fréquemment observée dans les espèces sociales, des membres les plus forts du groupe à agresser de manière continue ou à rudoyer de manière répétée les sujets plus faibles ou malades au sein même de leur clan.
Le racket désigne plus précisément une stratégie acquisitive violente visant, en affirmant à partir d’agressions répétées et/ou de menaces continues une position de dominance, à contraindre le sujet dominé à se déposséder de ce qui lui appartient ou à l’obliger à payer un tribut en échange de sa sécurité.
Le harcèlement scolaire constitue une appellation générique qui regroupe les trois notions précédentes pour désigner plus précisément un pattern de comportements et/ou d’attitudes agressives mises en œuvre de manière répétitive par un ou plusieurs élève pour exclure ou humilier l’un d’entre eux et/ou s’installer par rapport à lui dans un rapport systématique de dominance.
Par ailleurs, le cyber-harcèlement s’apparente à une forme de cyberviolence caractérisée par sa répétition et sa durée. Cette dernière désigne toute forme d’utilisation de l’espace numérique qui, par l’humiliation, la menace, l’insulte, la rumeur, l’utilisation de textos agressifs ou à connotation sexuelle (sexto) ou la diffusion publique d’images intimes est de nature à porter atteinte au sujet qui en est victime. Le cyber-harcèlement apparaît le plus souvent comme une forme de caisse de résonnance qui amplifie les effets du harcèlement.
La connaissance des mécanismes qui sous-tendent ces différentes formes de violence apparaît essentielle dès lors qu’il s’agit de mettre en place des stratégies préventives adaptées. Ces différentes formes de violence invisible s’inscrivent dans un rapport de domination et d’abus de pouvoir (F. Hardy, 2005), elles supposent la présence d’un public qui exerce une fonction active dans l’assignation identitaire et la légitimation du statut de chacun dans l’interaction harceleur-harcelé (on parlera de spectacteurs) et impliquent l’inscription des différents protagonistes dans des scénarios à la fois figés et répétitifs qui se maintiennent dans le temps.
2- Ampleur du phénomène
Une étude internationale indique que près de 28% des jeunes européens de 11 à 15 ans sont impliqués dans du harcèlement chaque année, 13% comme victimes, 11% comme auteurs, et 4% comme auteurs et victimes. L’ampleur du bullying suggère qu’il s’agit d’un enjeu éducatif important, voire même d’une question de santé publique.
En Belgique, une enquête de l'UCL de février 2014 montre que le harcèlement à l'école touche un jeunes sur trois (victime, harceleur ou les deux).
3- En savoir plus
Cet ouvrage a été réalisé par le Groupe de travail "projets de prévention" du Réseau Prévention Harcèlement.
Il cherche à comprendre quelles sont les conditions qui favorisent la mise en place de projets de prévention. Il vise, en partant de l’analyse d’expériences de terrain, à donner des repères pour la mise en oeuvre d’actions de prévention au sein des écoles.
Pour ce faire, cet ouvrage présente :
- un état des lieux concernant la prévention du harcèlement en milieu scolaire ;
- des exemples concrets de projets de prévention ;
- une analyse des conditions favorables à la mise en oeuvre de ces projets ;
- des recommandations pour une politique de prévention plus efficace.
-
Cet ouvrage rédigé par des chercheurs de nationalités diverses présente des outils d’analyse pour mieux comprendre le phénomène et identifier clairement les problèmes, afin de proposer des réponses pertinentes et efficaces.
- État des lieux sur le phénomène sur le site de l'UCL : http://www.uclouvain.be/305538.html
- Prévalence du phénomène du harcèlement en Fédération Wallonie-Bruxelles : Ce rapport d'enquête de la Faculté de psychologie de l'UCL met en avant des chiffres sur le harcèlement dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette enquête à interrogé 6542 élèves de la 6ème primaire à la 3ème secondaire En FWB. Elle montre qu'un élève sur trois est touché par le harcèlement (comme victime, harceleur ou les deux) ;
- Enquête sur la victimisation Unicef : Des enfants heureux, enfin presque
- Dossier français sur le harcèlement à l'école
[1] M. Janosz, S. Pascal & B. Galand, Etre témoin de violence à l’école : son importance et ses liens avec le climat scolaire in Galand, B., Carra, C., & Verhoeven, M. (Eds.) (2012). Prévenir les violences à l’école. Paris : Presses Universitaires de France
[2] B. Galand, V. Hospel & N. Baudoin, L’influence du contexte de la classe sur le harcèlement entre élèves, in Galand, B., Carra, C., & Verhoeven, M. (Eds.) (2012). Prévenir les violences à l’école. Paris : Presses Universitaires de France
Actions sur le document