Expérience
Class-pass, la classe DASPA au Collège Saint-François d'Assise de Tubize
Resumé
Le Collège Saint-François d’Assise organise depuis 6 ans une classe DASPA (dispositif d’accueil des élèves primo-arrivants) au secondaire. Cette classe réunit des élèves d’âges (12 à 18 ans), de niveaux et d’origines variés pour une durée de 6 à 18 mois. C’est une « passerelle » vers la langue française et l’intégration dans une autre classe et un premier accueil dans notre pays.
Ce projet a été présenté dans le cadre de la journée "Ecole pour tou.te.s"
Elements de contexte
Les classes DASPA sont des dispositifs de la Fédération Wallonie Bruxelles. La classe du collège a été initiée suite aux demandes dans la région. En effet, ce type de structure était absent dans l’ouest du Brabant wallon. Un enseignant du collègue ayant travaillé dans une classe DASPA à Bruxelles l’a mise en place.
Objectifs
Objectif principal : Proposer un accueil pour tous les élèves primo-arrivants en Belgique.
En :
- leur donnant accès aux « premières armes » (langue écrite et orale) pour se débrouiller dans leur pays d’accueil ;
- leur proposant une insertion optimale dans l’enseignement secondaire ;
- leur proposant une orientation scolaire pour assurer leur avenir ;
- leur proposant une structure rassurante, un cadre pour s’habituer au système belge et se sentir bien à l’école.
Le dispositif vise également les autres élèves de l’école. Il leur permet de développer une culture de l’ouverture à l’autre, à l’étranger.
Public
de 12 à 18 ans, de tous les niveaux, même des élèves qui n'ont jamais été scolarisés
( Adolescent )
Milieu de vie
- Milieu scolaire - Ecole
Démarches et actions
Les débuts
Le projet a été initié par un enseignant en collaboration avec le collège Cardinal Mercier de Schaerbeek en 2013 et avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles qui permet le financement du projet et la mise à disposition de périodes de cours pour les enseignants.
Il accueille entre 10 à 25 élèves par an de diverses nationalités qui rejoignent ou quittent la classe au fur et à mesure de l’année.
Après un an, un état des lieux a montré une forte demande d’inscriptions.
En pratique comment ça fonctionne ?
La classe DASPA propose un horaire de 31h : 14h de français, 2h de religion, 3h d’éducation physique, 4h d’études du milieu, 5h de math et 3h de sciences. Les élèves et leurs professeurs ont deux locaux à disposition.
Ils ne retrouvent les autres élèves qu’aux récréations et aux moments des repas.
Après 6 mois, le conseil d’intégration externe ou CIE (conseil de classe spécifique pour la DASPA), décide si le dispositif est prolongé (il peut l’être de 2x 6 mois), s’il y aura immersion dans une autre classe partielle ou complète. C’est ce conseil qui anticipe la classe que rejoindra chaque élève. Cette décision dépend fortement du niveau de français acquis.
Les cours de français s’articulent autour des compétences à acquérir pour rejoindre les autres clases (grammaire, conjugaison) et approche pratique de la langue (prendre le train, aller au magasin,…). Il est utilisé comme un outil d’intégration.
La classe attire des élèves de Tubize, du Brabant wallon ouest mais aussi du Hainaut et de Bruxelles.
Rencontres avec les autres élèves
En dehors des cours de récréations, des initiatives existent pour se faire rencontrer les élèves. Notamment lors des portes ouvertes où la classe DASPA a déjà proposé des expositions, des présentations de leur pays, cuisine d’origine vers les autres élèves. Les professeurs de français ont aussi collaboré dans un projet où les élèves de la classe DASPA racontaient leur voyage et les élèves francophones rédigeaient une lettre au départ de ces récits.
Moyens
Ressources humaines :
- Les professeurs impliqués dans la classe ;
- Des stagiaires de hautes écoles de la région ;
- Support administratif de l’école et du Collège cardinal Mercier de Scharbeeck.
Ressources matérielles :
- Deux locaux spécifiques pour la classe ;
- Armoires, casiers, aménagés spécialement pour les élèves ;
- Tableau interactif et tablettes gagnés lors d’un concours de la FWB.
Ressources financières :
- Moyens financiers supplémentaires octroyés par la FWB selon le nombre d’élèves inscrits ;
- 51h périodes de 50 min.
Evaluation et enseignements
Une évaluation a eu lieu au bout d’un an. Le bilan est très positif et le projet se pérennise. Les élèves sont très investis et motivés, ils « en veulent ». Les retours des parents sont très positifs, reconnaissants et encourageants. La demande est présente chaque année pour intégrer la classe.
Au niveau de l’école, il a fallu un peu de temps pour intégrer le projet et qu’il soit apprivoisé par l’ensemble des professeurs. Au départ, il y avait des réticences quant à la mise en place du dispositif, aujourd’hui tout le monde est mis à contribution pour organiser cet accueil qui a fait « bouger les lignes ». Malgré les départs et arrivées constants, il se crée des amitiés entre élèves DASPA et le reste de l’école et les professeurs de la classe ont de retours des élèves après leur parcours au collège.
Même s’ils sont ensemble à la récrée et au repas de midi, les élèves restent souvent entre eux notamment au niveau des nationalités à cause de la frontière de la langue, mais il n’y a pas de tension.
Qu’est-ce qui a été facile ? Pourquoi ?
Donner cours car il n’y a pas de problème de discipline dans la classe. Les élèves ont une vision différente de l’école que les élèves belges. Ils ont pour la plupart vécu des situations de déchirements. La classe leur propose un espace de sécurité et de stabilité. Ils sont motivés et témoignent de beaucoup de respect envers leurs enseignants.
Qu’est-ce qui a été difficile ? Pourquoi ?
Il y a une grosse charge administrative et c’est assez lent.
Tout au long de l’année, les élèves arrivent et partent. Ils ont tous des niveaux différents. Avec les nouveaux, il faut recommencer depuis le début. Cela demande un investissement physique et psychologique important pour les professeurs, surtout en français. Il faut de "bons nerfs" pour gérer une situation qui n’est jamais stable.
Le dispositif est dépendant de la politique d’asile de la Belgique. Certains élèves doivent repartir dans leur pays, c’est un déchirement pour tout le monde.
En Belgique, il n’y a pas de formation à l’alphabétisation pour les profs pour le secondaire. Il leur faut apprendre sur le tas, par tâtonnements, créer des outils. Il n’y pas non plus de manuel pour apprendre le français au primo-arrivant, tout est à construire.
Qu’est-ce qui a été soutenant ?
Chaque année des stagiaires futurs enseignants viennent dans la classe. Pendant une année, il y a eu une stagiaire logopède, ce qui était très intéressant pour aider les plus faibles.
Perspectives envisagées
La classe aimerait s’autonomiser par rapport au Collège Cardinal Mercier de Schaarbeek et a le projet d’ouvrir une classe supplémentaire, ce qui permettrait de diviser le groupe en 2 suivant le niveau ou l’âge.
Pour aller plus loin
Quelques ressources
Clé international, une édition canadienne propose des manuels sur l’apprentissage du français pour les primo-arrivants. Il existe un groupe Facebook pour les profs de français en langue étrangère.
La Fwb organise chaque année des formations sur l’inclusion des primo-arrivant dans l’école.
• Collège Saint-François d'Assise
• 2013-
• Tubize
• Antoine Reckinger, Murielle Viatour
• antoine.reckinger@icloud.com
• 02 355 83 77
11-08-2020